VipĂšre au poing est le rĂ©cit, largement autobiographique, du combat impitoyable que livrent Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et ses frĂšres, Ă leur... Lire la suite 8,75 ⏠Poche En stock 5,90 ⏠Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 3,49 ⏠TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 4,49 ⏠Grand format Actuellement indisponible 22,40 ⏠Livre audio Actuellement indisponible 17,00 ⏠Actuellement indisponible 18,80 ⏠Actuellement indisponible VipĂšre au poing est le rĂ©cit, largement autobiographique, du combat impitoyable que livrent Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et ses frĂšres, Ă leur mĂšre, Folcoche. Jean Rezeau, que nous suivons de quatre Ă seize ans, nâest pas pour autant un enfant martyr. Il a beaucoup trop de combativitĂ© pour ĂȘtre de ceux qui subissent la haine lâoccupe comme dâautre la tendresse. Nâavoue-t-il pas, Ă la derniĂšre ligne Merci ma mĂšre ! GrĂące Ă vous, je suis celui qui marche, une vipĂšre au poing ».Cri de haine et de rĂ©volte, VipĂšre au poing, le premier roman dâHervĂ© Bazin, lui apporta la cĂ©lĂ©britĂ© et le classa dâemblĂ©e parmi les Ă©crivains français les plus lus de notre Ă©poque. Date de parution 02/11/2011 Editeur Collection ISBN 978-2-246-79026-6 EAN 9782246790266 Format Poche PrĂ©sentation BrochĂ© Nb. de pages 220 pages Poids Kg Dimensions 12,0 cm Ă 19,0 cm Ă 1,1 cm Biographie de HervĂ© Bazin HervĂ© Bazin est lâauteur de livres cĂ©lĂšbres et personnels, parmi lesquels La mort du petit cheval, Un feu dĂ©vore un autre feu, et bien sĂ»r VipĂšre au poing.
Ledieu du carnage résumé par chapitre. Demandé Par Admin @ 18/07/22 & Vu Par 22 Personnes. le dieu du carnage résumé par chapitre. Answer: le dieu du carnage résumé par chapitre. Questions similaires. Voyage au centre de la terre résumé chapitre 1. Demandé Par Admin @ 26/07/22 & Vu Par 11 Personnes. Quelle est la différence entre un séisme et un
Chacun trouve sa source Dans les eaux de sa mĂšre Et ce baptĂȘme-lĂ , Sâil manque de chaleur, Glace pour lâĂ©ternitĂ©. » 1 Ă lâorigine de mon questionnement et de ma rĂ©flexion actuelle, un intĂ©rĂȘt pour la littĂ©rature, particuliĂšrement pour les rĂ©cits autobiographiques Ă©voquant des traumatismes subis. Une longue pratique professionnelle auprĂšs dâadolescents en difficultĂ© principalement des filles confirma ce qui nâĂ©tait encore quâune intuition empirique leur rĂ©cit ici, des journaux intimes facilitait activement une mise au dehors » du traumatisme subi, inceste ou viol. Serait-il alors possible dâutiliser les techniques narratives comme mĂ©diateurs dans une perspective de soins ? Faciliteraient-elles lâaccĂšs Ă la rĂ©silience ? 2 Par ailleurs, un travail universitaire me fit rĂ©flĂ©chir aux diffĂ©rents procĂ©dĂ©s dâĂ©criture mis en Ćuvre dans lâĂ©vocation de rĂ©cits traumatiques ces mĂȘmes procĂ©dĂ©s pouvant ĂȘtre mis en relation et reflĂ©ter le style dâattachement du narrateur attachement sĂ©cure ou insĂ©cure. Dans un souci de clartĂ©, redĂ©finissons briĂšvement quelques mots-clĂ©s souvent citĂ©s dans notre exposĂ© 3 la rĂ©silience, terme venu de lâanglais resilient, est une caractĂ©ristique mĂ©canique dĂ©signant la capacitĂ© dâun mĂ©tal Ă rebondir sous des chocs. TransposĂ©e Ă lâĂȘtre humain, il sâagirait de la capacitĂ© Ă reprendre une vie positive malgrĂ© la blessure subie, sans se fixer et sâarrĂȘter sur cette blessure. La rĂ©silience est donc le maintien dâun processus normal de dĂ©veloppement malgrĂ© des conditions difficiles » GuĂ©deney, 1999, p. 13-26. Ce terme est devenu une façon de parler de lâaspect dynamique du traumatisme [âŠ] il montre la dynamique positive quâil contient » Marty, 2001, p. 6. Cyrulnik a popularisĂ© ce concept utilisĂ© pour la premiĂšre fois en 1989 par la psychologue Emma Werner dans une Ă©tude sur sept cents bĂ©bĂ©s, il prĂ©cise que la rĂ©silience ne relĂšve pas seulement du sujet traumatisĂ©, mais que lâenvironnement, le contexte, les relations, les rencontres tuteur de rĂ©silience » joueront un rĂŽle fondamental. Ce sont ces rencontres dĂ©cisives qui permettront au sujet blessĂ© de tisser sa rĂ©silience. Car il nâest pas possible dâĂȘtre rĂ©silient tout seul, tout dĂ©pend de la qualitĂ© des liens Ă©tablis par le sujet enfant bien avant lâĂ©vĂ©nement traumatique ; cela nous amĂšne Ă la thĂ©orie de lâattachement ; lâattachement est le lien particulier unissant lâenfant Ă la figure maternelle ou toute autre personne importante pour lui. Lâorigine de lâattachement, que lâon croyait jusquâalors le fait dâun apprentissage, serait lâeffet dâun besoin social primaire essentiel Ă la survie de lâĂȘtre humain. Les travaux de Bowlby, Spitz, Harlow, Ainsworth notamment dĂ©montrent que les liens dâaffection ne sont pas greffĂ©s sur la satisfaction du besoin de nourriture, mais quâil sâagirait dâune tendance originelle et permanente Ă rechercher la relation Ă autrui. DĂšs sa petite enfance, le bĂ©bĂ© dĂ©veloppe un modĂšle dâattachement particulier en fonction de lâattitude maternelle Ă son Ă©gard et ce lien, en devenant intĂ©riorisĂ©, servirait ultĂ©rieurement de modĂšle Ă toutes les relations intimes et sociales de lâindividu ; quant au traumatisme, il existe bien sĂ»r dans le rĂ©el mais il sâagit aussi dâune Ă©preuve psychique intense. Selon Laplanche et Pontalis, câest un Ă©vĂ©nement de la vie du sujet qui se dĂ©finit par son intensitĂ©, lâincapacitĂ© oĂč se trouve le sujet dây rĂ©pondre adĂ©quatement, le bouleversement et les effets pathogĂšnes durables quâil provoque dans lâorganisation psychique » Laplanche et Pontalis, 1967, p. 499. Ce traumatisme, quâil soit dĂ©clinĂ© en deux temps ou quâil se focalise sur la seule rĂ©alitĂ© de lâĂ©vĂ©nement actuel, mobilise et fait appel aux ressources propres Ă chacun pour lâintĂ©grer, le mettre Ă distance, lâĂ©laborer, rester sous le choc ou en subir les effets Ă rĂ©pĂ©tition [âŠ] La rĂ©alitĂ© de son expression est unanimement dĂ©crite et Ă©prouvĂ©e comme un excĂšs excĂšs de stimulation, excĂšs dâimage, de son, excĂšs ou absence de reprĂ©sentation, de sens, excĂšs dâangoisse, dĂ©bordement des capacitĂ©s de contenance, dĂ©faut ou carence de protection, mĂ©canismes de dĂ©fense insuffisants, paralysie de la fonction de liaison, effraction du pare-excitations » Marty, 2001, p. 2. La narration pour se dĂ©gager du traumatisme ? 4 La premiĂšre question que pose un texte est celle de son enjeu et la rĂ©ponse possible est fonction du niveau dâanalyse, du lieu de questionnement oĂč lâon choisit de se situer » Gelas, 2002. Quel pourrait ĂȘtre le sens dâun texte ayant pour thĂšme la maltraitance et oĂč lâon devine lâauteur derriĂšre le narrateur ? Notre hypothĂšse est que lâĂ©laboration dâun rĂ©cit narratif autobiographique aurait une vertu thĂ©rapeutique ; il sâagirait, par un processus dâautoconstruction, dâaccĂ©der Ă nos Ă©motions personnelles. Cette Ă©tape fondamentale franchie, une mĂ©tamorphose possible du traumatisme Ă travers la parole et lâĂ©crit pourrait ĂȘtre envisagĂ©e. Ici, le processus de sublimation sâexercera au travers du tĂ©moignage. Ce processus, pouvant aboutir Ă une possible rĂ©silience, est Ă lâĆuvre dans nombre de journaux intimes, tĂ©moignages concentrationnaires, apports de traumatismes personnels en atelier dâ Ă©criture thĂ©rapeutique ». Les rĂ©cits de J. Semprun, P. Levi, J. Renard, H. Bazin, A. Frank sont Ă ce sujet exemplaires. 5 Mettre hors de soi lâindicible permettrait une libĂ©ration intĂ©rieure. Encore faut-il pouvoir le faire, car se dire et pouvoir Ă©crire lâinexprimable impose le passage obligĂ© de la reconnaissance de nos Ă©motions. Certains, pour qui lâaccĂšs aux Ă©motions ne sera pas possible, dĂ©velopperont des conflits intrapsychiques divers, un mĂȘme Ă©vĂ©nement rĂ©el peut avoir des rĂ©percussions diffĂ©rentes sur deux individus, dans la mesure oĂč il fait appel Ă la subjectivitĂ©, au fond dâexpĂ©rience subjective de chacun pour obtenir son statut dâĂ©vĂ©nement » Marty, 2001, p. 9. 6 Bowlby lâavait dĂ©jĂ illustrĂ© avec le concept dâ exclusion dĂ©fensive » 1969. Il postulait lâexistence dâune corrĂ©lation entre les mauvais traitements subis pendant lâenfance et la difficultĂ© ultĂ©rieure dâaccĂšs aux Ă©motions. Les sujets Ă©tudiĂ©s Ă©taient en effet en grande difficultĂ©, voire dans lâimpossibilitĂ© dâaccĂ©der aux Ă©motions, quâil sâagisse des leurs ou de celles dâautrui. Ils auraient besoin pour se protĂ©ger dâexclure de leur narratif autobiographique les Ă©motions nĂ©gatives Ă©prouvĂ©es durant lâenfance. Selon Bowlby, cette attitude Ă©tait souvent associĂ©e Ă une confiance en soi compulsive » venant contrebalancer lâimpact nĂ©gatif initial. Dans le cadre de la thĂ©orie de lâattachement, ces sujets montreraient une reprĂ©sentation de celui-ci de type insĂ©cure dĂ©tachĂ© » â leur systĂšme dĂ©fensif imposant cette distance, cet apparent dĂ©sengagement, dans un mouvement visant la protection de leur intĂ©gritĂ© psychique. 7 Ainsi, soutenant lâhypothĂšse que le narratif autobiographique est thĂ©rapeutique en tant que support possible des Ă©motions, quâil peut ĂȘtre abordĂ© comme un objet mĂ©diateur favorisant la rĂ©silience, il serait salutaire pour les sujets ayant subi de lourds traumatismes de tenter de les Ă©crire. Cependant, un tel colmatage » psychique ne signifie pas guĂ©rison, mais entre dans un processus qui cicatrise la blessure â celle-ci pouvant sâouvrir Ă nouveau Ă lâoccasion dâun autre Ă©vĂ©nement, la rĂ©paration stricto sensu nâexiste pas. Exemples cliniques en littĂ©rature 8 LâĂ©tude de la maltraitance quotidienne presque ordinaire » prĂ©sente un intĂ©rĂȘt clinique certain sous la plume dâun grand Ă©crivain comme HervĂ© Bazin. Comment rend-il compte dâĂ©vĂ©nements traumatisants la maltraitance dans ses Ă©crits ? Notre propos sera de tenter dâĂ©tudier les diffĂ©rents procĂ©dĂ©s servant cet objectif dans son rĂ©cit emblĂ©matique VipĂšre au poing. VĂ©ritable rĂ©quisitoire contre la famille et sa violence, le livre fut Ă©crit en 1947 en trois mois dans un Ă©tat de fĂ©roce allĂ©gresse [âŠ] Vous le savez, je nâai pas eu de mĂšre, je nâai eu quâune Folcoche⊠Je nâai pas eu de vĂ©ritable famille et la haine a Ă©tĂ© pour moi ce que lâamour est pour dâautres » Lamy, 1992, p. 101 et 107. Nous savons que lâĂ©crivain dĂ©livre une part autobiographique dans son Ćuvre La littĂ©rature porte aussi du non-conscient, elle ne nous parle pas seulement des autres mais de lâautre en nous » Bellemin-NoĂ«l, 1970, p. 17. 9 Un autre Ă©crivain, Jules Renard, a transposĂ© son calvaire dâenfant maltraitĂ© dans un roman devenu cĂ©lĂšbre, Poil de Carotte 1894. Ce livre fut vivement critiquĂ© Ă sa sortie, car le sujet auquel il sâattaquait Ă©tait tabou Ă lâĂ©poque lâamour maternel. Poil de Carotte est un rĂ©cit autobiographique qui ne sâavoue pas, Renard ne dĂ©clarant jamais clairement quâil Ă©voque son enfance alors que tout le laisse penser. Lâauteur sâĂ©crit avant tout Ă lui-mĂȘme, il est son premier lecteur et destinataire. Ă la lecture du Journal de Renard 1887-1910, certains passages laissent penser quâil fut indiffĂ©rent Ă lâaccueil littĂ©raire » de son ouvrage bien quâayant toujours cherchĂ© une reconnaissance Ă cet Ă©gard, lâimportant pour lui en Ă©crivant Poil de Carotte Ă©tait avant tout dâĂȘtre cru. En ce sens, tĂ©moigner fut thĂ©rapeutique⊠un certain temps, car lâauteur tenta plus tard de se suicider. Quinze ans avant sa mort, il Ă©crivait Jâai mis trop de ma vie dans mes livres, je ne suis plus quâun os rongé⊠» 10 Le Journal dâAnne Frank publiĂ© en 1947 connut un immense succĂšs posthume lâadolescente, bien quâenfermĂ©e et vivant dans des conditions dramatiques, a su dĂ©livrer dans ses lignes son humour, sa gaietĂ© et nous avons espĂ©rĂ© avec elle Ă chaque page sa dĂ©livrance. Le recours au rĂ©cit de soi dans un but thĂ©rapeutique est ici Ă©vident, il permit peut-ĂȘtre Ă la jeune fille dâendurer moins douloureusement sa captivitĂ© et de mettre en sens la cruelle absurditĂ© de ce quâelle vivait. 11 Lâouvrage de Primo Levi Si câest un homme 1947 illustre bien entendu la nĂ©cessitĂ© du devoir de mĂ©moire en livrant un tĂ©moignage historique, mais il sâagit aussi dâun rĂ©cit pour soi, dâune tentative de survie. Levi tente de trouver un sens, une normalitĂ© Ă lâhorreur racontĂ©e, en procĂ©dant dans son Ă©criture Ă une simplification. Le travail intellectuel mis Ă lâĆuvre procĂšde dâune logique binaire le Lager est un laboratoire au service dâun dĂ©lire idĂ©ologique, Ă lâintĂ©rieur y cohabitent des bourreaux et des victimes. En objectivant ainsi son propos, lâauteur permet la mise en rĂ©cit de faits insoutenables pour le lecteur mais aussi pour lui-mĂȘme, narrateur survivant Ă cette violence organisĂ©e. Sinon, comment imaginer possible lâexistence de tels actes ? Car ils sont justement impensables. UtilitĂ© dâĂ©crire sa maltraitance ? 12 Comment ne pas tenir compte du lien invisible sâĂ©tablissant entre lâhistoire individuelle du sujet qui parle, qui Ă©crit sur la maltraitance, et celle du sujet lecteur ? Le rĂ©cit autobiographique sâadresse Ă quelquâun, sâagit-il de soi-mĂȘme ? De soi dans lâautre ? Des protagonistes du rĂ©cit ? La rĂ©ponse est hasardeuse mais il est clair que quelque chose de lâordre dâun message est envoyĂ© au lecteur et destinĂ© Ă lâautre ». La lecture du rĂ©cit va susciter une rencontre qui fait sens et câest ce point de rencontre empathique, cette prĂ©sence de sujet Ă sujet, qui permettra une fonction symbolisante, mais aussi une fonction adaptative nĂ©cessaire Ă la tentative de prise en charge par le narrateur du trauma subi. 13 Par le travail du rĂ©cit, lâĂ©criture est un travail de rĂ©silience possible, elle serait ici Ă entendre comme un Ă©tayage permettant une reprise Ă©volutive positive et la possibilitĂ© de faire face. Le narrateur interpelle aussi le lecteur destinataire car il a besoin dâĂȘtre cru, il lui assigne ici une fonction de tĂ©moin. LâĂ©criture mâa sauvĂ© dâune jeunesse dĂ©sastreuse, elle mâa permis de rĂ©futer quelques jugements hĂątifs portĂ©s sur moi le mien compris. Elle est ce quâelle est, orientĂ©e moins vers le discours que vers le recours Ă lâautre, vers le partage de problĂšmes communs » Bazin citĂ© par Lamy, 1992, p. 173. Le rĂ©cit oral ou Ă©crit met lâexpĂ©rience traumatique et la douleur psychique qui lui est associĂ©e Ă lâĂ©preuve de lâaltĂ©ritĂ© et de lâĂ©change. Cette mise en rĂ©cit est utile pour passer dâune reviviscence rĂ©pĂ©titive vide » Ă une reprĂ©sentation, une figurabilitĂ© du traumatisme. 14 La rĂ©silience est un processus qui ne fonctionne pas obligatoirement en continu, Bazin par exemple va traverser une pĂ©riode de sa vie oĂč il semble sombrer, mais lâĂ©criture lui permettra lâexpĂ©rience de la narrativitĂ©, la tenue dâune sorte de journal de vie. Ăcrire sera pour lui une libĂ©ration, une catharsis et lui permettra dâaccĂ©der Ă une reconnaissance sociale et identitaire qui lâaidera Ă dĂ©passer ses souvenirs douloureux. Sa mĂšre aura mĂȘme ce compliment haineux Le ratĂ©, il a fini par rĂ©ussir » Lamy, 1992, p. 67. Car au trauma subi dans le rĂ©el ici le dĂ©samour maternel sâajoute et succĂšde le traumatisme de la reprĂ©sentation du rĂ©el de cette maltraitance avoir Ă©tĂ© un enfant non dĂ©sirĂ© et battu. 15 Il est possible que Bazin nâait pas cherchĂ© dans lâĂ©criture Ă se rĂ©parer, mais au moins, et finalement surtout, Ă revendiquer son droit Ă une identitĂ© sociale, Ă trouver un repĂšre identitaire pouvant ĂȘtre lâĂ©quivalent dâune reconnaissance symbolique de son ses lien s affectif s. Car dans lâhĂ©ritage nĂ©gatif de la maltraitance intrafamiliale nous retrouvons toujours la disqualification du sujet, source de faille narcissique profonde. Dans VipĂšre au poing, cette disqualification sâillustre notamment par les sobriquets ridicules Brasse-Bouillon, Chiffe, Crapette dont sont affublĂ©s les enfants. Ces surnoms mĂ©prisants tout comme Poil de Carotte » chez Renard les rĂ©duisent Ă une enveloppe, Ă un paraĂźtre. Bazin a probablement trouvĂ© une dignitĂ© » en devenant un Ă©crivain reconnu et cĂ©lĂšbre. Car câest aussi par la littĂ©rature que lâon prend conscience de son humanitĂ©, que lâon peut sâinterroger sur son histoire, son fonctionnement social et mental. 16 Cyrulnik 2004 dĂ©crit le rĂ©cit comme un anti-brouillard, [âŠ] tant que le trauma nâa pas de sens, on reste sidĂ©rĂ©, hĂ©bĂ©tĂ©, stupide, embrouillĂ© par un tourbillon dâinformations contraires qui nous rendent incapables de dĂ©cider. Mais, puisque lâon est obligĂ© de donner un sens aux faits et aux objets qui nous âparlentâ nous avons un moyen dâĂ©clairer le brouillard provoquĂ© par le traumatisme le rĂ©cit. Dans ce cas, la narration devient un travail de sens. Mais toute histoire nâest pas socialisable, il faut lâadapter Ă lâautre qui a du mal Ă lâentendre. La mĂ©tamorphose de lâĂ©vĂ©nement en rĂ©cit se fait par une double opĂ©ration placer les Ă©vĂ©nements hors de soi et les situer dans le temps. Lâauditeur doit ĂȘtre lĂ et se taire. Pour les blessĂ©s de lâĂąme, la narration est un acte qui donne le sentiment que les âĂ©vĂ©nementsâ semblent se raconter eux-mĂȘmes » Marin citĂ© par Cyrulnik, 2004, p. 42. Ainsi, lentement, par ce travail le rĂ©cit extrait lâĂ©vĂ©nement traumatique hors de soi. 17 Delage va dans le mĂȘme sens quand il Ă©crit que, par lâactivitĂ© narrative en littĂ©rature, lâhomme est diffĂ©rent de lâanimal par la capacitĂ© Ă produire des idĂ©es et Ă raconter des histoires. Mettre lâexpĂ©rience vĂ©cue en mots, faire part des Ă©motions ressenties, tĂ©moigne dâune activitĂ© de penser en mĂȘme temps quâelle soutient cette activitĂ©. LâactivitĂ© narrative peut ĂȘtre comparĂ©e Ă un travail de raccommodage, au sens littĂ©ral du terme, comme on raccommode un tissu trouĂ© » Delage, 2008, p. 211. VipĂšre au poing , lâĂ©crit dâune maltraitance 18 Sous une description quasi naturaliste de sa campagne dâenfance et des mĆurs de lâĂ©poque, Bazin livre une pensĂ©e trĂšs fine et critique, confĂ©rant ainsi au roman une dimension dâĂ©tude psychologique dâun fonctionnement intrafamilial maltraitant. Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, est le double de Bazin. Il fut confiĂ© ainsi que ses deux frĂšres Ă la grand-mĂšre paternelle car leur mĂšre Ă©tait incapable de les prendre en charge. 19 Le roman dĂ©bute par la strangulation dâune vipĂšre quâa trouvĂ©e Jean les parents sont encore en Chine. Dans ce face Ă face avec le reptile dont lâenfant sortira vainqueur, Jean prend conscience de sa force. Le dĂ©cĂšs de la grand-mĂšre oblige les parents Ă rentrer en France, les garçons Rezeau sont impatients, ils ne les ont pas revus depuis des annĂ©es et dĂšs la sortie du train veulent embrasser leur mĂšre, mais celle-ci les gifle, voulant descendre tranquillement. LâĂ©crivain dĂ©clarera La premiĂšre image que jâai de ma mĂšre câest Ă son retour de Chine, elle avait suivi mon pĂšre. Ă cette Ă©poque, jâavais 11 ans. En fait, je ne lâavais jamais vue. CâĂ©tait une Ă©trangĂšre absolue » Lamy, 1992, p. 24. Concernant sa grand-mĂšre il ajoute Elle a jouĂ© le rĂŽle de ma mĂšre, câest ainsi que jâai ressenti et que je ressens toujours sa disparition » Lamy, 1992, p. 28. DĂšs son arrivĂ©e la mĂšre prend le contrĂŽle de la famille et impose des rĂšgles draconiennes. Ă la maltraitance psychologique sâajoutent des maltraitances physiques. Ces brimades, ces privations, ces humiliations se dĂ©roulent sous lâĆil du pĂšre qui pourtant prĂ©fĂšre ne rien voir afin dâĂ©viter le conflit avec sa femme dont il a peur et quâil mĂ©nage, car elle a apportĂ© lâargent dans le couple par sa dot. Le pĂšre se dĂ©robe la plupart du temps et cautionne par son silence les maltraitances de son Ă©pouse. 20 Toute cette partie du rĂ©cit aborde les aspects psychologiques inhĂ©rents Ă la maltraitance intrafamiliale et les prĂ©alables Ă la mise en place du contrĂŽle de la relation, Ă la lutte de pouvoir entre les membres de la famille. Tant que les enfants sont petits, la mĂšre omnipotente abuse de sa force. Quand ses enfants prendront progressivement leur autonomie, retrouver une domination absolue deviendra lâenjeu primordial pour Folcoche. Les enfants, pour cette anti-mĂšre, ne sont que des choses soumises Ă son bon vouloir, Ă ses exigences cruelles. Brasse-Bouillon ne se dĂ©crit pas comme un enfant martyr ; dĂšs lâinstant oĂč sa mĂšre rĂ©vĂšle sa haine, la mĂȘme haine lâoccupe en retour et il dĂ©veloppe alors une combativitĂ© qui lâaidera, faute dâalternative, Ă supporter cette enfance terrible. 21 Le roman est un huis clos, huis clos du lieu isolĂ© et huis clos psychique entre une mĂšre indigne et ses enfants martyrisĂ©s, un pĂšre dĂ©missionnaire et des prĂ©cepteurs changeants, en fait un entourage incapable de protĂ©ger et de dĂ©fendre des enfants. Le pĂšre constate un jour les bleus sur le visage de son fils, ne dit rien mais lui adresse un sourire Ă©mu », Jean alors le mĂ©prise pour sa faiblesse. Durant lâhospitalisation de la mĂšre, la vie familiale est plus agrĂ©able, la relation avec le pĂšre se transforme. Cependant, Brasse-Bouillon prend conscience quâil est habituĂ© Ă la haine de sa mĂšre, elle lui manque. Non pas en tant quâĂȘtre humain, mais parce quâelle donne du sens Ă son quotidien ; il croit aimer cette guerre constante, cette haine apprise. Ă son retour, Folcoche constate que les enfants sâopposent Ă sa tyrannie, elle change alors de stratĂ©gie, sĂšme la zizanie dans la fratrie, bouscule volontairement Jean pour lâobliger Ă sâexcuser. Les garçons, excĂ©dĂ©s, dĂ©cident de la tuer mais Ă©chouent Ă deux reprises. Jean dĂ©joue tous ses plans dâattaque, il nâa plus peur dâelle. Il peut alors nĂ©gocier son dĂ©part en pension avec ses frĂšres, Folcoche est obligĂ©e dâaccepter, Jean a Ă©tranglĂ© la vipĂšre. Quâest devenu Brasse-Bouillon ? 22 Quel genre dâhomme peut naĂźtre dâune enfance aussi dĂ©sastreuse ? 23 Les plus sincĂšres amitiĂ©s, les bonnes volontĂ©s, les tendresses Ă venir, je les soupçonnerai, je les dĂ©couragerai [âŠ] Jâentre Ă peine dans la vie et grĂące Ă toi, je ne crois plus en rien, ni en personne⊠Lâhomme doit vivre seul, aimer câest sâabdiquer. HaĂŻr câest sâaffirmer [âŠ] Je suis, je vis, jâattaque, je dĂ©truis » Bazin, 1972 [1948], p. 185. Bazin fut nourri de haine et abordera lâĂąge adulte meurtri par son enfance. Mais il rĂ©ussit dans son livre, cri de rĂ©volte, Ă se venger de Folcoche. Sa haine sera lâun des moteurs de sa rĂ©silience ; dans un monologue intĂ©rieur il sâadresse ce message prĂ©dictif dâespoir Tu nâes pas ce que tu veux, mais tu seras ce que tu voudras » Bazin, 1972 [1948], p. 154. 24 Aimer ne fut pas simple pour Brasse-Bouillon ; devenu adolescent, il doit lutter avec ce quâil appelle sa nouvelle vipĂšre », câest-Ă -dire son dĂ©sir des femmes. Sa premiĂšre victime sera Madeleine, quâil sĂ©duira et abandonnera Je ne veux plus lâentendre murmurer comme elle lâa fait en me quittant, presque tendre⊠ça, non, je ne le supporterai pas dâelle, ni dâune autre ! » ibid., p. 170. Et, sâadressant intĂ©rieurement Ă sa mĂšre Tu nâes quâune femme, et toutes les femmes paieront plus ou moins pour toi. JâexagĂšre ? Ăcoute⊠Lâhomme qui souille une femme souille toujours un peu sa mĂšre. On ne crache pas seulement avec la bouche » ibid., p. 168. Il faudra du temps, beaucoup de rencontres, beaucoup dâamour, pour que Bazin sâapaise, quitte cette vengeance froide, et peut-ĂȘtre pardonne ? 25 MalgrĂ© cette enfance dĂ©sastreuse, Brasse-Bouillon a probablement bĂ©nĂ©ficiĂ© de ce quâAngelino appelle une greffe humanisante » 1997 en la personne de la grand-mĂšre paternelle. Cette derniĂšre permit des identifications positives. Une famille oĂč subsistent des personnes ressources est un atout majeur quand lâenvironnement est gravement carencĂ©. Cette greffe humanisante se rapproche du tuteur de rĂ©silience » de Cyrulnik. La prĂ©diction nĂ©gative encore trop souvent entendue enfant maltraitĂ© = futur parent maltraitant ne se retrouve pas chez Bazin. Tout au plus peut-on faire lâhypothĂšse dâailleurs hasardeuse dâune certaine difficultĂ© affective au regard de ses quelques expĂ©riences conjugales quatre mariages ? Pourrait-il sâagir de tentatives de rĂ©paration ? En effet, comme lâexplique Miljkovitch 2009, les attachements de lâenfance, les liens qui se sont tissĂ©s au contact des parents influencent et orientent, souvent de façon durable, la vie du couple. Dans le cas dâattachement insĂ©cure justement, il subsiste des attentes infantiles impĂ©rieuses qui, ne pouvant ĂȘtre satisfaites, peuvent faire pĂ©ricliter le couple. Il faut souligner ici lâimportance de lâamour dans le processus de rĂ©paration ; la possibilitĂ© de partager une expĂ©rience subjective Ă travers le regard de lâautre est dâun grand secours. Cette rĂ©sonance Ă©motionnelle, ce partage dâune expĂ©rience qui rapproche, nâest pas sans rappeler la notion dâ accrochage » affectif de Stern. 26 Bazin livrera dans des entretiens quelques considĂ©rations sur lâamour. Trouver une femme Ă sa pointure, est-ce difficile ? Câest que, justement, il sâagit moins de pointure que de jointure la communautĂ© de goĂ»ts, dâidĂ©es, de milieu, dâambitions joue de moins en moins, dĂ©sormais, dans nos unions oĂč la raison est de plus en plus arraisonnĂ©e par lâAmour, grand A, dont on sait quâil devient trĂšs vite petit a et mĂȘme a privatif, si lâon en juge Ă la frĂ©quence des sĂ©parations. JâĂ©tonnerais beaucoup le jeune homme que jâai Ă©tĂ© en lui avouant quâil est aussi difficile de vivre sans passion que dâĂ©viter quâelles passent » Lamy, 1992, p. 49. Lâamour câest un vieux mais juste clichĂ© a la fragilitĂ© du verre et les gens brusques, comme moi, ne sont jamais Ă lâabri de la casse. Je regrette de dire, mais rien nâest assurĂ© dans la vie, Ă commencer par la vie elle-mĂȘme, celle dâautrui dans la nĂŽtre lâest encore moins » ibid., p. 48. Et au sujet du divorce Moi jâai fait la mĂȘme chose, pour me fournir cette impression de renouvellement que les psychanalystes taxeraient sans doute dâinstabilitĂ© chronique » ibid., p. 84. Commentaire, analyse du narratif 27 Sans prĂ©tendre se livrer ici Ă une analyse littĂ©raire de lâĂ©criture de la violence », il est intĂ©ressant de considĂ©rer le style utilisĂ© dans le rĂ©cit et la façon dont lâĂ©crivain va traiter » son traumatisme. VipĂšre au poing nous touche profondĂ©ment car il interpelle le lecteur et lâoblige Ă un questionnement. Les actes de maltraitance sont dĂ©crits de façon trĂšs dĂ©taillĂ©e ; lâauteur, en relatant la cruautĂ© du comportement de Folcoche, lui attribue une intention, peut-ĂȘtre dans le but de donner un sens, une explication susceptible dâexpliquer la rage de cette mĂšre. Elle ne nous battait jamais sans nous en donner les motifs. Elle rĂ©glait ses comptes » Bazin, 1972 [1948], p. 47. Affirmer son autoritĂ© chaque jour par une nouvelle vexation devint la seule joie de Mme Rezeau. Elle sut nous tenir en haleine, nous observer, remarquer et dĂ©truire nos moindres plaisirs » ibid., p. 35. Un an aprĂšs la prise du pouvoir par notre mĂšre, nous nâavions plus aucune foi dans la justice des nĂŽtres. Grand-mĂšre, la gouvernante avaient pu nous paraĂźtre dures quelquefois, mais injustes jamais⊠Les enfants ne rĂ©flĂ©chissent que comme les miroirs il leur faut le tain du respect » ibid., p. 39. 28 LâĂ©criture est incisive, directe, toujours formulĂ©e dans un style chĂątiĂ© ; mĂȘme si dans le roman câest un enfant qui parle, Ă la lecture câest dĂ©sormais bien un homme qui Ă©crit. Les verbes conjuguĂ©s tantĂŽt au prĂ©sent, au passĂ©, au futur donnent la sensation au lecteur de ne plus savoir qui sâadresse Ă lui. Je me souviens, je me souviendrai toute ma vie, Folcoche [âŠ] Vengeance ! Vengeance ! Il nây a plus quâun seul verbe qui compte ici, et nous le dĂ©clinons correctement Ă tous les temps. Je te hais, tu me hais, il la haĂŻssait, nous nous haĂŻrons, vous vous Ă©tiez haĂŻs, ils se haĂŻrent ! » ibid., p. 52. 29 Le dĂ©cor du rĂ©cit est bien plantĂ©, trĂšs visuel, la prĂ©sentation en tableaux successifs lieu, personnages, action, rĂ©cit tragi-comique montant en intensitĂ© dramatique, sortie des personnages Ă©voque le théùtre et permet ainsi au lecteur des mouvements identificatoires multiples. Et nous voici rĂ©unis, tous les cinq, rĂ©unis afin de jouer le premier Ă©pisode de ce film Ă prĂ©tentions tragiques, qui pourrait sâintituler âAtrides en gilet de flanelleâ. [âŠ] Nous cinq et quelques figurants, rapidement Ă©liminĂ©s, en gĂ©nĂ©ral par le manque dâoxygĂšne sentimental qui rendait irrespirable pour les Ă©trangers lâatmosphĂšre de notre clan. Campons les personnages⊠» Bazin, 1972 [1948], p. 23. Folcoche avec ses grandes oreilles, ses cheveux secs, sa bouche serrĂ©e et ce bas de visage agressif qui faisait dire Ă FrĂ©die âDĂšs quâelle ouvre la bouche, jâai lâimpression de recevoir un coup de pied au cul. Ce nâest pas Ă©tonnant avec ce menton en galocheâ » ibid., p. 24. Le ton employĂ© est trĂšs souvent ironique, dans un procĂ©dĂ© dĂ©fensif de mise Ă distance et pour permettre au lecteur et au narrateur de supporter la fĂ©rocitĂ© des agissements maternels. Notre mĂšre, qui avait ratĂ© sa vocation de surveillante pour centrale de femmes⊠» ibid., p. 33. Outre ses enfants, je ne lui connaĂźtrai que deux ennemis les mites et les Ă©pinards. Je ne crois rien pouvoir ajouter Ă ce tableau, sinon quâelle avait de larges mains et de larges pieds, dont elle savait se servir » ibid., p. 24. MĂȘme le projet tragique de tuer la mĂšre devient comique Je ne mâinterrogeais pas sur lâĂ©normitĂ© du crime, aussi naturel Ă nos yeux que la destruction des taupes ou la noyade dâun rat⊠» ibid., p. 126. 30 Chez lâĂ©crivain Bazin, lâhumour est donc un procĂ©dĂ© stylistique utile Ă la mise Ă distance du thĂšme de son rĂ©cit. Lâhumour, au sens restreint retenu par Freud, consiste Ă prĂ©senter une situation vĂ©cue comme traumatisante de maniĂšre Ă en dĂ©gager les aspects plaisants, ironiques, insolites. Câest dans ce cas seulement lâhumour appliquĂ© Ă soi-mĂȘme quâil peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un mĂ©canisme de dĂ©fense » Ionescu, 2006 [1997], p. 183. Lâhumour permet, selon Freud, lâĂ©conomie dâune dĂ©pense de sentiment. Chez Bazin il participe Ă la mise en place du monde interne du narrateur, un monde nourri de haine, de rĂ©volte, de dĂ©rision. Pour autant cet humour lui permet dâexprimer et de rĂ©vĂ©ler sa souffrance passĂ©e et prĂ©sente, et cela dâune façon infiniment plus pudique quâen recourant Ă la plainte. Le rĂ©cit au ton caustique est une analyse cruelle et cynique des liens familiaux du milieu bourgeois de lâĂ©crivain. On peut dire du narrateur Bazin-Brasse-Bouillon quâil sourit au milieu des larmes. Cette formulation pourrait sâapparenter Ă lâoxymoron association de deux termes antinomiques, figure de rhĂ©torique Ă©voquĂ©e par Cyrulnik 1999. Lâoxymoron illustre bien la rĂ©silience et nous rappelle Semprun quand il Ă©voque entretien avec M. Huelin, 1998 lâĂ©change de poĂšmes dans les camps, pour survivre psychiquement » dans une juxtaposition de lâhorreur et de la poĂ©sie en quelque sorte. 31 La mĂ©taphore du serpent qui constitue lâincipit du rĂ©cit sera souvent rĂ©utilisĂ©e quand Jean parlera du regard maternel, dans lequel il retrouve le mĂȘme Ă©clat que dans celui de sa vipĂšre dâenfance, quâil identifie comme de la haine. Cet incipit est stratĂ©gique, il capte lâattention du lecteur et fait Ă©merger les premiers Ă©lĂ©ments signifiants de lâunivers que lâon va dĂ©couvrir. La rĂ©fĂ©rence au reptile servira de fil rouge tout au long du rĂ©cit. Nous comprenons que la rĂ©fĂ©rence Ă Hercule et Ă la vipĂšre rapproche les personnages principaux de deux figures plus monstrueuses quâhumaines. 32 Je rapprochai la vipĂšre de mon nez, trĂšs prĂšs, tout prĂšs⊠elle avait de jolis yeux, vous savez cette vipĂšre [âŠ] des yeux de topaze brĂ»lĂ©e piquĂ©s noir au centre et tout pĂ©tillants dâune lumiĂšre que je saurais plus tard sâappeler la haine et que je retrouverais dans les prunelles de Folcoche, je veux dire de ma mĂšre⊠» Bazin, 1972 [1948], p. 6. âFolcoche ! Regarde-moi donc, Folcoche ! Je te cause !â Alors ton regard se lĂšve de dessus tes nouilles Ă lâeau, ton regard se lĂšve comme une vipĂšre et se balance, indĂ©cis, cherchant lâendroit faible qui nâexiste pas. Non, tu ne mordras pas Folcoche ! Les vipĂšres ça me connaĂźt. Je mâen fous des vipĂšres. [âŠ] Moi, je ne tâaime pas. Je pourrais te dire que je te hais, mais ça serait moins fort. Oh ! Tu peux durcir ton vert de prunelle, ton vert-de-gris de poison de regard. Moi je ne baisserai pas les yeux. [âŠ] Tu vois que je suis toujours en face de toi, mon regard tendu vers ta vipĂšre de regard Ă toi, tendu comme une main et serrant, serrant tout doucement, serrant jusquâĂ ce quâelle en crĂšve. HĂ©las ! Pure illusion dâoptique. Façon de parler. Tu ne crĂšveras pas. Tu siffleras encore⊠» ibid., p. 53-54. Et enfin, en conclusion du rĂ©cit Cette vipĂšre, ma vipĂšre, dĂ»ment Ă©tranglĂ©e, mais partout renaissante, je la brandis encore et je la brandirai toujours, quel que soit le nom quâil te plaise de lui donner haine, politique du pire, dĂ©sespoir ou goĂ»t du malheur ! Cette vipĂšre, ta vipĂšre, je la brandis, je la secoue, je mâavance dans la vie avec ce trophĂ©e, effarouchant mon public, faisant le vide autour de moi. Merci ma mĂšre ! Je suis celui qui marche, une vipĂšre au poing » ibid., p. 186. Les mĂ©taphores animales, pour dĂ©crire la mĂšre, signent lâimpossibilitĂ© pour le narrateur de la prĂ©senter comme un ĂȘtre totalement humain, Folcoche est un mot-valise amalgamant un mĂ©lange quasi monstrueux de folle et de cochonne, plus tard Bazin prĂ©cisera quâune Folcoche pour un fermier, câest la truie qui, mettant bas, dĂ©vore aussitĂŽt ses petits » Lamy, 1992. p. 69. La mĂ©taphore, en tant que traduction symbolique, est un procĂ©dĂ© utile Ă exprimer lâirreprĂ©sentable, surtout quand il sâagit dâĂ©voquer la figure maternelle dans un rĂŽle de bourreau. Chez Renard le Toiton » dans Poil de Carotte Mme Lepic est mĂ©taphorisĂ©e en araignĂ©e et lâenfant en moucheron. Lâextrait suivant illustre la terreur sidĂ©rante ressentie Ă lâapproche de cette mĂšre tentaculaire qui enferme sa proie dans une toile Au plafond, un moucheron sâest pris dans une toile dâaraignĂ©e, vibre et se dĂ©bat. Et lâaraignĂ©e glisse le long dâun fil. Son ventre a la blancheur dâune mie de pain. Elle reste un instant suspendue, pelotonnĂ©e. Poil de Carotte, sur la pointe des fesses, la guette, aspire au dĂ©nouement, et quand lâaraignĂ©e tragique fonce, ferme lâĂ©toile de ses pattes, Ă©treint la proie Ă manger, il se dresse debout, passionnĂ©, comme sâil voulait sa part. Rien de plus. LâaraignĂ©e remonte. Poil de Carotte se rassied, retourne en lui, en son Ăąme de liĂšvre oĂč il fait noir » Renard, 2003 [1894], p. 107. Le style ici est percutant, les phrases sont courtes et laconiques. Le pronom personnel je », le je qui engage, nâest jamais utilisĂ© par Poil de Carotte rĂ©duit dans ce passage Ă un insecte pris au piĂšge. On sait que Renard parle de lui en parlant de Poil de Carotte et, comme dans un effet de miroir puisquâen fait câest son histoire, il se regarde en train de se regarder. Cette mise Ă distance stylistique dans la non-utilisation du je est dâailleurs retrouvĂ©e dans une Ă©tude menĂ©e Ă Toulon des rĂ©cits de patients ayant subi des maltraitances Perrin linguiste, sur des travaux de Cyrulnik, Delage, Blein, Dupays, 2008. Conclusion 33 Dans les Ćuvres analysĂ©es ci-dessus, il apparaĂźt que la narration a pu contribuer pour leurs auteurs au dĂ©gagement partiel de lâexpĂ©rience traumatique sublimation littĂ©raire rĂ©ussie chez Bazin. Mais le processus de narration nâest pas toujours suffisant ; les actes suicidaires rĂ©ussi chez Levi, manquĂ© chez Renard pourraient sâexpliquer, partiellement, par lâabsence de liens, et mĂȘme dâempreinte de liens suffisamment solides pour tenir accrochĂ© Ă la vie. 34 Il ne sâagira pas Ă©videmment pour le thĂ©rapeute utilisant ce mĂ©diateur de faire dire » Ă tout prix. Ce qui reste visĂ© est la figurabilitĂ© du trauma, permettant ensuite une mise en partage Ă©motionnel autour de cette blessure. LâĂ©crivain est dâabord le narrateur et son propre auditeur Ă la fois, ce faisant son activitĂ© narrative soutient le travail psychique de mentalisation, câest-Ă -dire une mise en reprĂ©sentation dĂ©sormais communicable et partageable avec autrui. 35 Laissons les derniers mots aux Ă©crivains 36 Le besoin de raconter aux autres, de faire participer les autres, avait acquis chez nous, avant comme aprĂšs notre libĂ©ration, la violence dâune impulsion immĂ©diate, aussi impĂ©rieuse que les autres besoins Ă©lĂ©mentaires ; câest pour rĂ©pondre Ă un tel besoin que jâai Ă©crit mon livre. Câest avant tout en vue dâune libĂ©ration intĂ©rieure » Levi citĂ© par Levallois, dans Chiantaretto et coll., p. 25. 37 On a souvent assimilĂ© lâĆuvre littĂ©raire Ă une dĂ©livrance. Sans insister sur ce quâa de fĂącheux, dâobstĂ©trical, cette comparaison, je la trouve exacte. Un auteur porte en lui-mĂȘme un livre⊠Il faut quâil sâen dĂ©barrasse. Il y a, dans la production de ce livre, quelque chose dâobligatoire, dâinĂ©vitable [âŠ] Donc, jâavais portĂ© longtemps, fort longtemps, Poil de Carotte et je mâen Ă©tais dĂ©livrĂ© par un livre. Jâallais mieux, pas tout Ă fait bien pourtant⊠Il me restait encore du Poil de Carotte il mâen reste encore dâailleurs, il mâen restera toujours, car il y a â est-ce un avantage ou une infĂ©rioritĂ© ? â il y a lâhomme dâun seul livre, comme il y a lâhomme dâune seule femme. 38 [âŠ] Le bonheur ne peut ĂȘtre complet que dans la famille. Seulement, si ce nâest pas difficile Ă planter, une famille, câest trĂšs difficile Ă cultiver » Renard, ConfĂ©rence de Nevers, 1904. Notes [1] Article reçu par la rĂ©daction le 16 juin 2009, acceptĂ© le 16 octobre. La narration pour se dĂ©gager du traumatisme ? Exemples cliniques en littĂ©rature UtilitĂ© dâĂ©crire sa maltraitance ? VipĂšre au poing , lâĂ©crit dâune maltraitance Quâest devenu Brasse-Bouillon ? Commentaire, analyse du narratif Conclusion BIBLIOGRAPHIE ANGELINO, I. 1997. Lâenfant, la famille et la maltraitance, Paris, Dunod. BAZIN, H. 1948. VipĂšre au poing, Livre de Poche, 1972. BELLEMIN-NOĂL, Psychanalyse et littĂ©rature, Paris, PUF. BOWLBY, Attachement, sĂ©paration, perte, Paris, PUF. CHIANTARETTO, ; CLANCIER, A. ; ROCHE, A. sous la direction de. 2005. Autobiographie, journal intime et psychanalyse, Paris, Ăconomica. CYRULNIK, B. 1999. Un merveilleux malheur, Paris, Odile Jacob. CYRULNIK, B. 2001. Les vilains petits canards, Paris, Odile Jacob. CYRULNIK, B. 2004. Parler dâamour au bord du gouffre, Paris, Odile Jacob. DELAGE, M. 2008. La rĂ©silience familiale, Paris, Odile Jacob. DUPAYS-GUIEU, A. 2002. Lâattachement Ă lâĂ©preuve de la sĂ©paration », DEA de psychopathologie, Lyon 2. FRANK, A. 1942-1944 [1947]. Journal, Calmann-LĂ©vy. GELAS, B. 2002. Communication, sĂ©minaire DEA, universitĂ© Lyon 2. GUĂDENEY, A. 1999. Les dĂ©terminants de la rĂ©silience », dans B. 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Fiche de lecture sur vipĂšre au poing Delphine Leloup TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat Format ePub Sans DRM RĂ©sumĂ© Tout ce qu'il faut savoir sur VipĂšre au poing d'HervĂ© Bazin ! Retrouvez l'essentiel de l'?uvre dans une fiche de lecture complĂšte et dĂ©taillĂ©e, avec un rĂ©sumĂ©, une Ă©tude des personnages, des clĂ©s de lecture et des pistes de de maniĂšre claire et accessible, la fiche de lecture propose d'abord un rĂ©sumĂ© chapitre par chapitre du roman, puis s'intĂ©resse tout particuliĂšrement Ă Jean et Ă sa mĂšre, qui entretiennent une relation haineuse. On Ă©tudie ensuite la dimension autobiographique de l'?uvre, ainsi que sa portĂ©e initiatique, avant d'aborder la critique formulĂ©e par Mauriac Ă l'encontre de la famille bourgeoise. Enfin, les pistes de rĂ©flexion, sous forme de questions, vous permettront d'aller plus loin dans votre Ă©tude. Une analyse littĂ©raire de rĂ©fĂ©rence pour mieux lire et comprendre le livre ! CaractĂ©ristiques techniques NUMERIQUE Ăditeurs Lemaitre Publishing Auteurs Delphine Leloup Parution 31/08/2011 Nb. de pages 13 Contenu ePub EAN13 9782806222411 Avantages Livraison Ă partir de 0,01 ⏠en France mĂ©tropolitaine Paiement en ligne SĂCURISĂ Livraison dans le monde Retour sous 15 jours + d'un million et demi de livres disponibles RĂ©sumĂ© CaractĂ©ristiques techniques Nos clients ont Ă©galement achetĂ©
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RĂ©sumĂ© des chapitres 1 Ă 12 de VipĂšre au poing dâHervĂ© Bazin Chapitre 1 En 1922 alors quâil est encore tout jeune enfant, le narrateur joue dans le jardin de âLa Belle Angerieâ, la demeure familiale. Il tombe sur une vipĂšre endormie et la saisit par le cou. Il lâĂ©trangle dâune main de fer, ce qui donne lieu Ă une comparaison avec Hercule tuant deux serpents dans son berceau. Ce face-Ă -face prĂ©figure les rapports qui sâĂ©tabliront entre le jeune Rezeau et sa mĂšre. Chapitre 2 âLa Belle Angerieâ est la demeure de la famille Rezeau depuis plus de deux siĂšcles. Câest un ensemble de bĂątiments en mauvais Ă©tat, avec une maison principale de trente-deux piĂšces au confort spartiate. Jean Rezeau, le narrateur de VipĂšre au poing, fait une gĂ©nĂ©alogie de sa famille son grand-oncle, RenĂ© Rezeau, membre de lâAcadĂ©mie Française, est la gloire familiale ; sa grand-mĂšre paternelle, Marie Rezeau a eu onze enfants de son mari Ferdinand, dont Jacques Rezeau, le pĂšre de Jean. Jacques Ă©pouse Paule Pluvignec en 1913. Celle-ci est issue dâune riche famille et amĂšne une dot consĂ©quente aux Rezeau dĂ©sargentĂ©s. De ce mariage naissent trois enfants Ferdinand alias FrĂ©die ou Chiffe, Jean ou Brasse-Bouillon et Marcel surnommĂ© Cropette. Jean explique que son frĂšre aĂźnĂ© et lui ont Ă©tĂ© confiĂ©s aux bons soins de leur grand-mĂšre Marie tandis que leurs parents sont partis pour la Chine, oĂč Jacques Rezeau est professeur de Droit. Marcel naĂźt Ă ShanghaĂŻ. Jean raconte son Ă©ducation dans VipĂšre au poing fortement empreinte de religion et de piĂ©tĂ© enfantine. Chapitre 3 Lâexistence heureuse, parfaitement rĂ©glĂ©e de Jean et son frĂšre, est bouleversĂ©e par la mort de leur grand-mĂšre. Femme forte au caractĂšre affirmĂ©, elle succombe avec dignitĂ© et laisse un souvenir tendre et sĂ©vĂšre Ă son petit-fils Jean. Sa mort annonce la venue de la mĂšre de Jean. Chapitre 4 de VipĂšre au poing Dans ce passage du roman de Bazin, FrĂ©die et Jean, accompagnĂ©s de Mlle Ernestine la gouvernante et de la comtesse Bartolomi, leur tante, viennent accueillir leurs parents Ă la gare de SegrĂ©. Cela fait huit mois que leur grand-mĂšre est morte et ils sont impatients de revoir leurs parents et de faire la connaissance de Marcel. A peine descendue du train, Mme Rezeau gifle ses fils qui essayaient de lâembrasser. Ils dĂ©couvrent derriĂšre elle leur pĂšre et leur jeune frĂšre. FrĂ©die et Jean sentent que les choses nâont pas fini de se gĂąter. Chapitre 5 PrĂ©sentation de la famille Rezeau rĂ©unie Jacques, le pĂšre, est ĂągĂ© de quarante-cinq ans. Brun et moustachu, il a un physique mince. Câest un ĂȘtre craintif et maladif qui se rĂ©fugie dans ses lectures. Paule, la mĂšre, a trente-cinq ans et semble avoir Ă©tĂ© une belle femme. Elle a la main leste sur ses enfants et se passionne notamment pour la philatĂ©lie. FrĂ©die, lâaĂźnĂ©, tient de son pĂšre pour tout. Son surnom, Chiffe, en tĂ©moigne. Il a le nez tordu Ă force de se moucher depuis toujours du cĂŽtĂ© gauche. Marcel lui, semble avoir hĂ©ritĂ© des traits de caractĂšre des Pluvignec. Sournois et hypocrite, le portrait quâen tire son frĂšre est peu flatteur. Jean quant Ă lui, se dĂ©crit comme ressemblant physiquement Ă sa mĂšre, Ă©gocentrique avec un caractĂšre frondeur qui lui vaut le surnom de Brasse-Bouillon. La famille de VipĂšre au poing sâinstalle Ă âLa Belle Angerieâ oĂč le pĂšre se consacre Ă lâĂ©tude des mouches. Des abbĂ©s prĂ©cepteurs se succĂšdent pour sâoccuper de lâĂ©ducation des enfants. Alphonsine, Fine, est la seule domestique qui reste aprĂšs la purge effectuĂ©e par Mme Rezeau. Autour du domaine de âLa Belle Angerieâ gravite tout un monde paysan, que Jean nomme les serfs. Chapitre 6 Le 27 novembre 1924, le pĂšre Rezeau Ă©dicte toute une sĂ©rie de rĂšgles strictes que Mme Rezeau agrĂ©mente de privations et brimades comme la tonte obligatoire avec la tondeuse de lâĂąne ou la suppression des poĂȘles et oreillers dans les chambres. Chapitre 7 Dans le 7Ăšme chapitre du livre dâHervĂ© Bazin, Mme Rezeau se fait un devoir dâinventer sans cesse de nouvelles rĂšgles. Mlle Ernestine qui essaie de protĂ©ger les enfants se voit renvoyĂ©e. Les corvĂ©es sâenchaĂźnent tout comme les restrictions. Toute la maison est mise sous clefs, elles-mĂȘme enfermĂ©es dans une armoire dont Mme Rezeau porte la clef entre ses seins. Mme Rezeau dĂ©cide dâinstaurer la confession familiale quotidienne. Marcel joue les dĂ©lateurs Ă cette occasion. AprĂšs cette nouvelle humiliation, FrĂ©die rebaptise sa mĂšre Folcoche, contraction de folle et de cochonne. Chapitre 8 AprĂšs une partie de chasse avec leur pĂšre, les enfants et plus particuliĂšrement Jean subissent les foudres de Folcoche. Leur pĂšre ayant donnĂ© de la voix contre elle, Folcoche se venge. Brasse-Bouillon rend quelques coups et se prĂ©sente, couvert de bleus mais fier, au repas. Chapitre 9 Le pĂšre Trubel, le troisiĂšme prĂ©cepteur dans le rĂ©cit de VipĂšre au poing, est congĂ©diĂ© aprĂšs des plaintes mettant en cause sa proximitĂ© avec les filles de ferme. Les vexations se poursuivent et les inscriptions â âVengeance Ă Folcocheâ, se multiplient sur tous les arbres du parc de âLa Belle Angerieâ. A table, Chiffe et Brasse-Bouillon mettent en place la âpistolĂ©tadeâ qui consiste Ă fixer intensĂ©ment Folcoche le plus longtemps possible. Ces duels silencieux sont lâoccasion pour Jean de jeter sa haine au visage de sa mĂšre. Un soir, Folcoche sâĂ©vanouit et le docteur, appelĂ© dâurgence, dĂ©tecte une crise hĂ©patique. Jean se prend Ă espĂ©rer que sa mĂšre ne survive pas. Chapitre 10 Le rĂ©sumĂ© du 10Ăšme chapitre de VipĂšre au poing A lâoccasion de la rĂ©ception annuelle, Folcoche nâachĂšte quâun complet que les garçons devront porter Ă tour de rĂŽle. LâabbĂ© numĂ©ro quatre, qui ose le faire remarquer, se retrouve Ă©jectĂ© aprĂšs une nouvelle crise de foie de Folcoche. Suit lâabbĂ© numĂ©ro cinq qui ne reste que huit jours et alerte sans succĂšs lâarchevĂȘchĂ© sur les mĂ©thodes dâĂ©ducation de Folcoche. Celle-ci, occupĂ©e par des crises frĂ©quentes, embauche un nouvel abbĂ©. Les garçons grandissent et elle commence Ă sentir son pouvoir vaciller. Chapitre 11 Une crise plus grave survient le 14 juillet 1927 et Folcoche est obligĂ©e de partir se faire opĂ©rer. En son absence, les choses sâarrangent Ă âLa Belle Angerieâ. LâĂ©tat de Folcoche tarde Ă sâamĂ©liorer et les garçons profitent dâune proximitĂ© nouvelle avec leur pĂšre, libĂ©rĂ© de la prĂ©sence de sa femme. Chapitre 12 Pour continuer le rĂ©sumĂ© de VipĂšre au poing⊠AprĂšs que son Ă©tat ait empirĂ©, Folcoche reprend le dessus et subit une seconde opĂ©ration. Pendant son absence, les enfants se sont constituĂ© une rĂ©serve de nourriture cachĂ©e dans la chambre de Brasse-Bouillon. Folcoche rentre Ă lâimproviste Ă âLa Belle Angerieâ. Chapitres 13 Ă 25 du roman Chapitre 13 AprĂšs son retour, Folcoche engage un long travail de reconquĂȘte. Elle essaie de diviser pour rĂ©gner et couvre Cropette dâattentions. A la faveur dâun sĂ©jour de M. Rezeau chez un ami, Folcoche autorise les deux aĂźnĂ©s Ă lâaccompagner. Chapitre 14 Le 14 chapitre de VipĂšre au poing au cours de leur voyage vers le Gers, FrĂ©die, Jean et leur pĂšre font de la gĂ©nĂ©alogie familiale, rendent visite Ă dâanciens camarades de rĂ©giment de Jacques Rezeau et profitent dâagapes inĂ©dites pour eux. Ils Ă©crivent Ă Marcel, et Folcoche par la mĂȘme occasion, leur joie. La rĂ©ponse annonce lâarrivĂ©e de lâabbĂ© numĂ©ro sept, la dĂ©couverte du âcoffre-fortâ et le dĂ©part de leur camarade de jeux. Chapitre 15 Retour en Craonnais par Bordeaux, Royan et La Rochelle pour voir la mer. FrĂ©die est sĂ©vĂšrement puni et Brasse-Bouillon monte un stratagĂšme pour semer la zizanie entre Folcoche et le nouvel abbĂ©, zĂ©lĂ©. Il travaille Ă amadouer son pĂšre pour quâil amnistie FrĂ©die le jour de sa fĂȘte, Ă la Saint Jacques. Chapitre 16 Dans ce passage de VipĂšre au poing, la guerre est ouvertement dĂ©clarĂ©e entre Folcoche et ses fils. Elle ne manque plus une seule occasion de tomber sur les garçons, les harcelant et les punissant sans cesse. Les garçons en viennent Ă tenter dâempoisonner Folcoche. Celle-ci en est quitte pour une colique. La seconde tentative arrive sur la riviĂšre lorsquâelle tente de monter sur la barque oĂč ils se trouvent et que Brasse-Bouillon sâĂ©carte, espĂ©rant quâelle se noie. Elle sâen sort. Chapitre 17 Le rĂ©sumĂ© La riposte ne tarde pas plus de bateau et fouet pour Jean. Celui-ci se barricade dans sa chambre et lorsque sa porte est forcĂ©e, tout le monde dĂ©couvre quâil sâest enfui, laissant une feuille oĂč sont marquĂ©s â Chapitre 18 Dans ce chapitre, HervĂ© Bazin, lâauteur de VipĂšre au poing, raconte Jean fugue vers Paris oĂč il se rend chez ses grands-parents Pluvignec qui le reçoivent fraĂźchement. Chapitre 19 Jacques Rezeau vient chercher son fils Ă Paris Ă qui il accorde son pardon. Chapitre 20 Jean fait le point et se rend compte que maintenant il affronte Folcoche Ă armes Ă©gales. Celle-ci maintient le statu quo. Chapitre 21 FĂȘte Ă âLa Belle Angerieâ Ă lâoccasion des vingt-cinq ans dâAcadĂ©mie Française du grand-oncle RenĂ© Rezeau. Toute la famille Rezeau et consorts se pressent et Jean se prend Ă ressentir de la mĂ©lancolie lors de cette rĂ©union surannĂ©e. Chapitre 22 Dans ce 22Ăšme chapitre de VipĂšre au poing Jean et FrĂ©die sâĂ©veillent au dĂ©sir. Jean est attirĂ© par Madeleine, fille dâun mĂ©tayer des Rezeau. Il finit par perdre sa virginitĂ© avec elle. Chapitre 23 Folcoche se rend compte du changement survenu chez Jean. Celui-ci la surprend alors quâelle veut le faire accuser de vol en mettant son portefeuille dans lâune de ses cachettes. Il la laisse faire. Chapitre 24 Jean affronte sa mĂšre et lui ramĂšne le portefeuille. AprĂšs une bataille psychologique et verbale, il est convenu quâil aille au collĂšge. Chapitre 25 M. Rezeau annonce aux garçons quâils iront au collĂšge. Folcoche tente dâultimes brimades et Jean pose sur leur relation un regard sans concessions. Il se sent plus proche dâelle quâil ne lâaurait cru et sait quâil lui ressemble. Dans le mĂȘme temps, il fait le parallĂšle avec la vipĂšre de son enfance. Il a vaincu sa mĂšre, la vipĂšre, et la brandit fiĂšrement. Fin du rĂ©sumĂ© de VipĂšre au poing dâHervĂ© Bazin.RĂ©sumĂ©du document. Ce chapitre XVI est issu du roman VipĂšre au poing d'HervĂ© Bazin, Ă©crivain français, nĂ© en 1911, mort en 1996. C'est avec ce roman, paru en 1948, que Bazin connaĂźt la notoriĂ©tĂ©. Il s'agit d'un roman autobiographique, mĂȘme si la rĂšgle fondamentale de l'autobiographie n'est pas respectĂ©e.